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Le Dragage International

En France, le spectre du dragage est représenté par la petite dizaine de dragues armées sous pavillon français premier registre par les différents Grands Ports Maritime du pays (voir ici notre rubrique dédiée). Mais les activités de dragage sont une activité à part entière, ne se cantonnant pas qu'à la nécessité de maintenir une certaine accessibilité aux chenaux des ports pouvant accueillir les navires aux plus forts tirants d'eau du monde. En effet, le dragage international est un important segment au sein de la Marine Marchande mondiale et, en dehors du dragage pur et dur, ces navires interviennent également dans la construction d'îles artificielles, l'alimentation des plages contre la montée des eaux, la constructions de nouveaux terminaux portuaires, d'écluses, de ponts ou de tunnels sous marins en assurant, grâce au déblaiement, une stabilité des fonds permettant ensuite le début des travaux. Dans ce petit milieu du dragage international, quatre compagnies basées dans le bassin flamand se disputent la majeure partie du marché depuis plus d'un siècle : DEME Group, Royal Boskalis, Jan de Nul et Van Oord. Leurs principaux clients sont des compagnies pétrolières, les opérateurs portuaires, les gouvernements, les promoteurs de projets internationaux et les sociétés minières.

En Europe, quatre principales compagnies interviennent donc dans le secteur du dragage international. Les équipages sont composés comme au long cours de matelots principalement philippins et / ou d'Asie et d’officiers européens. A bord, la vie d’organise autour de deux bordées en 12h off / 12h on avec un officier assurant la navigation et la position du navire et un second capitaine par bordée gérant directement les opérations de dragage. Les équipages européens tournent en 6 semaines on / 6 semaines off avec deux semaines dans l’équipe de jour, puis trois semaines de nuit et enfin la dernière semaine du contrat se fait de jour afin de minimiser le décalage avec le rythme normal du retour à terre lors du débarquement.

DEME Group

Fondée en 1991 dans la région d’Anvers, Dredging, Environmental and Marine Engineering est une compagnie spécialisée dans la construction et la maintenance d’installations marines. DEME est divisée en quatre branches : le dragage et les installations offshores, l'environnement et les infrastructures. En réalité, hormis l'environnement qui concentre surtout des projets terrestres, les deux autres secteurs sont également liés au dragage, puisque celui ci est nécessaire avant l'installation de champs éoliens offshores et la construction de nouvelles infrastructures maritimes ou portuaires.

DEME Group travaille principalement en Europe et est actuellement activement engagés dans des activités de dragage sur plusieurs fleuves européens sur lesquels le trafic maritime est important et la profondeur des chenaux doit toujours restée constante afin de ne pas ralentir l'activité des ports. DEME Group intervient notamment sur la Seine, l'Elbe en Allemagne ou encore l'Escaut qui mène au port d'Anvers. De plus, les dragues vertes interviennent également au sein des ports du port de Bremen ou encore de Rotterdam afin de participer à la construction des nouveaux terminaux du port hollandais. En France, DEME est sollicité depuis 2017 par la région des Hauts de France afin de draguer constamment les entrées des ports de Calais et de Boulogne sur Mer. DEME travaille également sur la maintenance du port de Gravelines après avoir récupéré un contrat auprès du département du Nord (59).

Projet remarquable en France, DEME à également participé à la construction du viaduc de 5400m entre Saint Denis et La Grande Chaloupe à La Réunion en draguant pas moins de 530 000 m3 de sédiment afin de permettre la pose des piliers de l'ouvrage.

Le Nil River, Charlemagne et Victor Horta sont des dragues suceuses à élindes trainantes. Ce type de drague concentre les plus grosses unités dans chaque compagnie. Elles aspirent les sédiments situés sur le fond marin grâce à leurs élindes trainantes et les stockent ensuite dans leur cale. Les sédiments peuvent ensuite être déchargés à terre ou en mer. Certaines, comme la Nil River, sont équipées d'un module de déchargement par expulsion sur la plage avant, leur permettant ainsi l'ensablement des plages tout en restant à bonne distance de la cote. Mesurant jusqu'à 144m de long, ce type de drague chez DEME Group peut intervenir jusqu'à 60m de fond et dégager pas moins de 17000 m3 par opération.

Royal Boskalis

Boskalis est une entreprise néerlandaise fondée au début du 20ème siècle et spécialisée dans l'assistance de projets offshores. C'est notamment Boskalis qui à réalisé les fondations du champ éolien offshore de Fécamp en Normandie et qui a assuré le transport des pylônes depuis le port du Havre (voir ici). De plus, Boskalis possède depuis 2010 SMIT Salvage, une compagnie de remorquage spécialisée dans le sauvetage maritime qui est notamment intervenue sur le Ever Given lors de son accident dans le Canal de Suez. Boskalis est également présente dans les activités de dragage international, et pas qu'un peu puisqu'il s'agit du leader historique de cette branche avec pas moins de 11000 collaborateurs dans 75 pays différents. Fort d'une flotte de 54 dragues, Boskalis est également engagés dans de nombreux projets à l'international.

Les projets notables sur lesquels travaillent ou ont travaillé les équipes de Boskalis sont :

  •  La construction d'un bassin, d'un chenal d'accès de 18m de profondeur, d'un quai d'un kilomètre de long et de deux digues au sein du port de Duqm à Oman.

  •  En 2009, la construction de la quasi totalité du port gazier de Gorgon, exploité par le géant américain Chevron et situé sur l'ile australienne de Barrow, avec notamment l'apport de 475 000 tonnes de roches en provenance de Perth situé à 3000 kilomètres de la.

  •  A Ameland, une ile située aux Pays Bas, Boskalis a participé au plus vaste ré ensablement de plage aux Pays Bas en y apportant pas moins de trois millions de m3 de sable récupérés au large.

  •  Boskalis est également présent sur d'autres projets autour du globe, notament en Corée du Sud ou encore au Brésil.

La Willem Van Oranje est une drague aspiratrice armée par Royal Boskalis sous pavillon chypriote. De 144m de longueur, elle peut stocker à son bord 12000 m3 de sédiments et aspirer jusqu'à 62m de profondeur. En 2024, le Willem Van Oranje était engagé dans des opérations de dragage aux Maldives.

Royal Van Oord

Fondée en 1868, Royal Van Oord est la plus ancienne des principales compagnies de dragage international. D’origine hollandaise, Van Oord est dorénavant présente physiquement dans plus de 30 pays et sur tous les continents. Fort d’une flotte de 56 navires, Van Oord est, comme ses principales concurrentes, spécialisées dans les gros projets de dragages, de constructions marines telles que des iles artificielles ou des terminaux, de ré ensablement de plage ou encore de constructions d’infrastructures offshores.

De plus, lorsque les dragues ne sont pas engagées sur des projets, celle-ci peuvent être affrétées à d’autres opérateurs. Ainsi, la HAM 317 fut affrété un temps au Grand Port Maritime de Rouen pour continuer le draguage de l’embouchre de la Seine lorsque la Daniel Laval était en arret technique. La HAM 317 était armée conjointement par un équipage français et des officiers néerlandais.

Jan de Nul

Fondée en 1938 en Belgique et dorénavant domiciliée au Luxembourg, Jan de Nul est la dernière compagnie formant le big four du marché mondial sur ce segment. Possédant les plus grosses unités de dragage au monde, Jan de Nul a été impliquée depuis la fin du 20ème siècle dans les plus gros projets mondiaux comme la construction des nouvelles écluses du port d’Anvers en en faisant ainsi les plus grandes du monde ou encore la mise en place des fondations du nouvel aéroport de Kai Tak à Hong Kong dans les années 90. Installée complétement sur la mer, la construction de cette infrastructure aéroportuaire fut classée dans le top 10 des plus gros projets du génie civil du 20ème siècle.

En 2024, Jan de Nul est présente sur plus de 150 projets à travers le monde, qu’ils soient terrestres, notamment au Luxembourg, portuaires ou offshores.

Possédant les plus grosses dragues au monde avec un tonnage pouvant atteindre les 78000 tonnes, Jan de Nul est en ce moment présent sur des projets tels que :

  • L’approfondissement du port de Gydnia en Pologne afin de rester compétitif face aux autres ports en Mer Baltique

  • La participation à la construction du port de Payra au Bangladesh, qui sera à terme le 3ème port du pays.

  • La construction au large de la Belgique d’une ile artificielle de 6 hectares dont la construction s’achèvera en 2027 et sera le premier hub énergétique artificiel au monde en connectant les différents parcs éoliens de la région et permettant ainsi d’avoir une base en haute mer.

D'une capacité de 5000m3 à 14000m3 et pouvant aspirer jusqu'à 52m de fond, les dragues armées par Jan de Nul en Europe restent dans les tailles moyennes du secteur, bien loin des plus grosses unités utilisées sur les autres continent.

Avec des capacités de déblaiement de 5000m3 à 17000 m3, les dragues intervenant sur les projets portuaires de nos cotes françaises sont proportionnelles à la capacité de travail requise pour ce type de travaux. Elles restent néanmoins loin de celles dépêchées sur les plus gros projets mondiaux détenues notamment par Jan de Nul. Ces unités pouvant mesurer plus de 220m de long,  possèdent des capacités de succion allant de 20000m3 à 46000m3 et jusqu'à 155m de profondeur pour la plus grosse du monde, la Cristobal Colon, actuellement employée dans le Golfe Persique. 

Les dragues aspirantes qui aspirent les sédiments grâce à leurs élindes déployables à de certaines profondeurs représentent la majeur partie des moyens mis en œuvre sur le segment du dragage international. Nous retrouvons cependant des styles de dragues comparables à celles employées dans nos Grands Ports Maritimes français pour des travaux minimes dans des petits espaces (dragues à pelle ou à injection d'eau).

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