Croisière du Nouvel An à bord du Danielle Casanova
En ce premier jour de 2021, voici une petite pépite. Un petit confetti qui n’aura pas servi hier soir car il n’y eût pas vraiment de fête, et qu’en ce jour même il y a 7 ans c’était justement jour de fête. Cette pépite c’était même la dernière convulsion d’un espoir de diversification, l’itération 2015 ayant été annulée au dernier moment faute de pépettes. (En fait j’essaie de vous communiquer le fait que ce fut mon meilleur réveillon de ma vie)
Ainsi donc embarquions en ce 31 décembre 2013 à 16h00 pour la dernière croisière de la SNCM à bord du majestueux Danielle Casanova. Le programme était vraiment réjouissant. Embarquer par la coupée est déjà synonyme de traversée spéciale. Le navire entièrement sous grand pavois également. Cette année là Marseille était élue capitale européenne de la culture, et un peu partout dans la ville et sur le port également était célébré cette distinction. Le Piana de La Méridionale était pour cette occasion scène musicale aux côté du tout nouveau Mucem.
Arrivé dans notre cabine l’aventure pouvait commencer avec un programme digne des plus grandes soirées données en mer. Une fois reposés et en disposition pour passer une sacré soirée nous fumes sur notre 31 en un rien de temps pour le cocktail du commandant. Je me donne du mal sur les rimes j’espère que vous remarquez. Ce cocktail il fut donné au centre névralgique de la soirée, le bar-spectacle l’Alhambra. La SNCM appelait le Casanova le navire de l’élégance par excellence, il remplissait ce soir là parfaitement sa fonction. C’était particulièrement élégant. Après les premières coupettes c’était déjà l’heure du départ. Un départ qui n’en avait que la symbolique puisque la destination était le mouillage en rade de Marseille.
Pour nous la destination c’était plutôt le Restaurant Les Calanques. Celui du Casanova donnant directement sur d’immenses baies vitrées, il était facile de profiter du feu d’artifice donné du Palais du Pharo de notre place. Si d’habitude les restaurants de la SNCM, (tels étaient leurs noms) était peu fréquentables surtout sur les Cruise-ferries, il fallut louer l’effort considérable de la Société Nationale de nous offrir un repas exceptionnel. Je me souviens qu’au bord de ladite baie vitrée déjà en 2013 de la dentelle d’acier l’encerclait, si bien que c’était à se demander si c’était le joint qui tenait l’ensemble…
Et puis vint le moment de retourner à l’Alhambra pour poursuivre la soirée. Des danseuses professionnelles assuraient le spectacle et quasiment tous les passagers s’y étaient retrouvés. Les autres étant au club de nuit ou au bar extérieur pour profiter de cette vue sur Marseille à nulle autre pareille. Nous avions opté pour le choix numéro 1, c’était quand même beaucoup plus dans le thème de la soirée.
En vous passant les universels souhaits de bonne année passé minuit, ce que tout le monde ou presque dans notre cher pays avait à peu près fait au même moment, nous décidions de rester à l’Alhambra ou les Danseuses professionnelles avaient laissé leur place à des danseurs beaucoup moins professionnels. C’est beau quand Monsieur et Madame Tout-le-Monde s’enjaille…
A une certaine heure, pour ne pas dire une heure certaine (3 heures de mémoire) nous fumes invités à rejoindre le self Les Arbousiers pour la traditionnelle soupe à l’oignon. On croisait alors les sorties de boîte un peu moins frais que nous, mais tout aussi ravis d’une collation bienvenue.
C’était quand même l’heure d’aller dormir pour nous, et d’appareiller pour le paquebot. Notre cabine était extérieure comme 100% de celles vendues ce soir-là. Nous avions de jolies petites attentions, comme un portfolio d’aquarelle des différents Danielle Casanova ayant appartenu à la compagnie, un petit mot du commandant, quelques brochures et objets dérivés en tout genre également.
Le lendemain matin notre maison était au large des côtes varoises vers les îles Porquerolles, très proche de la terre ferme. Après s’être engagé dans les abords de la rade de Toulon, c’est en baie de La Ciotat que le navire a passé le plus clair de sa matinée, l’occasion d’apercevoir la côte sous un angle inconnu. L’occasion de se faufiler en passerelle et de se rendre compte qu’aucun passage plan n’étant réellement prévu, le navire errait un peu aléatoirement s’arrêtant devant des trucs sympas un peu à la manière des automobilistes le long de la route des gorges du Verdon. C’était sympathique, quoiqu’un peu frisquet de bon matin, et avait le charme d’un voyage exceptionnel d’un navire qui d’habitude fait une ligne beaucoup plus monotone.
Le repas servi le midi était plus léger que la veille, mais au combien soigneusement préparé. Le petit menu montrait une image de notre fier navire dans le port de Calvi, qui semblait bien imposant au milieu de la citadelle de Christophe Colomb.
En début d’après-midi le navire reprit doucement le cap vers Marseille, les meilleures choses ayant une fin, notre arrivée devait avoir lieue à 16h00 mais en réalité elle fut plutôt à 18, le temps de bien apprécier les calanques vue côté mer. Nous avons passé une partie du trajet sur le gaillard avant du navire, accessible pour l’occasion. A la vue du Frioul il était l’heure pour nous de retourner à la cabine et de rassembler nos maigres affaires et nos beaux souvenirs. La compagnie étant en grève dès ce jour là pour une durée indéterminée, il fallut préparer le navire à un arrêt prolongé pour un départ prochain vers les lignes de l’Afrique du Nord, nous accostions poste 82. Après avoir salué une dernière fois l’équipage de ce véritable paquebot le temps d’une soirée, nous primes la coupée du port Autonome en sens inverse, et une fois traversé le vieux hangar marseillais, on était revenu parmi le commun des mortels…
Que pourrait-on dire de cet évènement formidable ? Qu’il était plein de bonne volonté et d’effort pour une entreprise qui se battait, et qu’il a su donner beaucoup de joie et de bonheur à ses croisiéristes d’un jour. Il fut la dernière croisière du réveillon de la SNCM, celle de l’année suivante n’ayant même pas pu être assurée, et l’avant dernière croisière d’un navire bleu et blanc, la dernière étant celle rugby-friendly du Méditerranée à Barcelone au printemps suivant.
C’est une immense fierté d’avoir participé à cette croisière, et de vous partager le meilleur réveillon de ma vie, auprès de ce et ceux que j’aime. C’est important d’avoir une passion et de quoi l’entretenir, elle est motrice dans le vie de tous les jours, peu importe quelle forme elle prend. Et ce souvenir, j’espère qu’il vous aura transmis tout l’amour que je porte pour mon métier grâce à cette compagnie, et que faire et partager des choses qui nous plaisent quand il est encore temps de les faire, c’est ce qui compte au final le plus.